Ravageurs émergents Innover face aux insectes, en zone sud
Le 14 juin dernier, dans le parc Phoenix, à Nice (06), une cinquantaine de participants ont partagé les avancées en matière de lutte biologique contre le charançon rouge des palmiers et le transfert potentiel des solutions optimisées contre d’autres insectes ravageurs émergents des régions méditerranéennes.
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Quels moyens de lutte biologique adopter pour une gestion de terrain efficiente ?
Pour travailler sur cette problématique, la Ville de Nice (06) s’est engagée dans des travaux de recherche cofinancés par la Région.
Le 14 juin, durant une journée technique en Jevi (Jardins, espaces végétalisés et infrastructures), les échanges très riches entre les participants* et les organisateurs ont permis de restituer des résultats et de créer une véritable synergie en matière de stratégies de surveillance, de diagnostic et de protection des végétaux en climat doux, le tout dans la convivialité.
Des perspectives encourageantes
Même si le thème de la journée pouvait paraître assez anxiogène au vu des effets du changement climatique, de l’installation d’espèces invasives dans l’Hexagone, des exigences phytosanitaires européennes, de la loi Labbé et de son prolongement avec l’arrêté du 15 janvier 2021, la direction des espaces verts de la ville de Nice et les sociétés Vegetech, UPL, Getade et Bioplanet ont donné des perspectives encourageantes, en misant sur la responsabilisation, le pragmatisme et la rigueur scientifique. La situation actuelle en Italie, confrontée à plusieurs de ces bioagresseurs, a également été évoquée.
Tour à tour, un état des lieux précis sur la situation des nouveaux insectes phytophages détectés ces vingt dernières années et des solutions innovantes en matière de protection biologique intégrée (PBI) a été effectué par des spécialistes**.
L’essentiel des émergents sont arrivés d’Italie : attention aux importations
Au premier rang des bioagresseurs les plus préoccupants dans l’arc méditerranéen figurent les insectes défoliateurs et foreurs, dont la plupart sont des coléoptères, avec en tête :
- des charançons (Rhynchophorus ferrugineus sur palmiers, Aclees foveatus sur figuiers, Scyphophorus acupunctatus sur les agaves, cactées, bananiers, cordylines, cycas, strelitzias, yuccas et autres plantes méditerranéennes ornementales) ;
- le scarabée japonais (Popillia japonica) sur de multiples végétaux d’ornement, dont le rosier, la glycine et le tilleul ;
- les capricornes (Xylotrechus chinensis sur mûriers…) et les scolytes (Xylosandrus compactus sur le laurier-sauce et Xylosandrus crassiusculus sur le caroubier, ainsi que divers arbres et arbustes feuillus…).
Les insectes piqueurs et suceurs de sève ne sont pas en reste, tels que :
- la cochenille-tortue du pin (Toumeyella parvicornis) détectée depuis l’automne 2021 entre Saint-Tropez et Ramatuelle (83) ;
- les cicadelles vectrices de la bactériose à Xylella fastidiosa.
Ils font l’objet, en 2022, de plans de surveillance renforcés.
Comme l’ont rappelé les intervenants de la Ville de Nice, de la Draaf-SRAL et de la Fredon de la région Paca, ces ravageurs émergents sont presque tous arrivés d’Italie. La vigilance est donc de mise dans les établissements importateurs, comme les exploitations horticoles, les jardineries, les centrales d’achats, mais aussi dans les jardins et espaces verts, ainsi que dans les peuplements forestiers et les vergers pour certaines plantes sensibles.
Primeur aux stratégies intégrées
En matière de lutte biologique, les stratégies intégrées sont primordiales. Basées sur des observations visuelles et du piégeage, elles mettent à profit des technologies de pointe éprouvées dans des dispositifs expérimentaux rigoureux, souvent longs et coûteux.
Les sociétés Vegetech et UPL ont expliqué la nature de leurs travaux et des démarches partagées avec les acteurs de terrain pour parvenir à combiner les traitements les plus efficaces avec les mesures prophylactiques. Par exemple, pour réduire les infestations de charançons, des produits de biocontrôle, à base de nématodes auxiliaires et de différentes souches du champignon entomopathogène Beauveria bassiana, sont testés en complément de phéromones, de barrières physiques d’origine minérale ou encore de pulvérisations d’huiles essentielles.
Ce colloque très réussi pourrait donner lieu à d’autres rendez-vous similaires dans les années à venir, de façon à poursuivre la mutualisation des compétences et des acquis d’expériences vis-à-vis des bioagresseurs des plantes les plus préoccupants en Jevi.
Jérôme Jullien*Gestionnaires d’espaces verts de collectivités, arboristes, entrepreneurs paysagistes, prestataires de services phytosanitaires…
**Responsables de parcs et jardins paysagers, chercheurs, représentants des organismes officiels chargés de la santé et de la protection des végétaux, fabricants de moyens de biocontrôle et prestataires en traitements phytosanitaires.
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